La ruta cuarenta, c’est le chemin suivi en son temps par Ernesto Guevara sur sa moto. Bien sur, depuis cette époque, de nombreux tronçons ont été asphaltés, mais il reste encore plus de 500 km de piedras, des pistes en sol naturel, et on a encore de la chance que le sol naturel ici, c’est du caillou, du galet et du sable, quasiment pas de terre ni d’argile, ni de boue. Seulement de la poussière. Nous avons fait la ruta cuarenta, du moins jusqu’à el chalten, la ville née en ‘88 qui a servi à marquer la propriété de l’Argentine sur le Fitz Roy. Le paysage, si l’on peut parler ainsi, est toujours le même et toujours différent. A perte de vue des étendues de végétation rare, parfois quelques arbustes rabougris, la fameuse herbe de la pampa, qui doit nourrir les moutons, les chevaux, les guanacos, et même quelques vaches, de temps à autres un vrai bouquets d’arbres, signe qu’il y a quelque part une source d’eau et un établissement humain, une estancia, de la plus pauvre à la plus prospère. Et des qu’on s’arrête, le vent. Un vent hurlant, à vous couper le souffle, à vous renverser sur place. Et pourtant, pas si froid ( en cette saison!) La vitesse sur ce genre de revêtement (:-)) doit avoisiner les 30 à l’heure. Donc cent km = trois heures. Conclusion, partis à dix heures de Périto Moreno, nous arriverons a 22 h à el chalten! Sur les rotules. Mais les chauffeurs, on se demande comment ça tient le coup sur ce genre d’itinéraire. Bien sur dans quelques mois, quelques années, avec le plan nacional de recuperacion vial, il n’en restera plus que le souvenir. Immense entreprise que de reconstruire cette ruta cuarenta, mais un jeu d’enfant en quelque sorte: il suffit de déplacer les cailloux, de passer une couche de goudron, et la route se fait. A el chalten, la surprise, c’est le dynamisme de cette cité nouvelle dédiée au tourisme. Une activité incessante, une multiplication des initiatives, les hôtels, les commerces poussent comme des champignons. Et tout cela dans l’ambiance “Argentine” comme je le nommerai: un sourire, une activité, une amabilité jamais en panne. Tout pour plaire. Et nous nous plaisons.