Nous quittons Varkala pour Potencode où nous sommes attendus par le swami vêtu de jaune qui nous accompagnés lors de la visite du parc de Neyyar Dam, et nous a invités à lui rendre visite. Départ pour la gare vers onze, le temps de déjeuner dans le quartier avant de prendre le train annoncé dans les horaires à 13 :37. Première déconvenue : dans le quartier de la gare, il n’y a pas de restau. Heureusement qu’un passant compatissant nous indique le snack à l’intérieur de la gare, où nous pouvons avoir un tally. Après la pause, nous achetons notre ticket (tiens, cette fois-ci, c’est 240 roupies, alors que la semaine dernière c’était 60 plus 75 pour le trajet en sens inverse, et 135 pour le premier trajet depuis Kochi) Nous allons nous installer sur le quai d’où doit partir notre train, le kerala express numéro 12626 qui vient de Delhi d’où il est parti hier soir. L’heure passe, un autre train démarre dans l’autre sens et toujours aucune annonce pour le notre. Vérification faire, un tableau devant le bureau du chef de gare (station manager) nous apprend qu’il est annoncé pour 15h ! He bien on attendra. Juste l’occasion d’obtenir un café après une assez longue attente. Le temps ne coute rien ici, autant en profiter. Sue le quai, spectacle inattendu d’une garderie de gosses, les maman assises à même le sol, d’autres lavant leur linge : la gare est pourvue de robinets d’eau courante, et en étalant les vêtements « propres » sur les dalles du quai, le séchage est ultra rapide. Le train passe avec un bon quart d’heure de retard. Trouver une place n’est pas un problème. Nous sommes comme l’autre fois, l’objet d’attentions d’un jeune homme cultivé qui démontre sa maitrise de l’anglais - qu’il parle certainement mieux que moi ! Arrivés à Trivandrum (Thirivananthipuram), nous cherchons un riksha pour nous transférer rapidement de la gare des trains à la gare des bus. Nous déclinons un taxi, mais nous nous laissons attendrir par un conducteur de tuktuk qui nous promet de nous mener directement à l’Ashram, il connait bien la route, il y va souvent. Sans doute plus onéreux que le bus (9 euros au lieu de 6) ce moyen de transport a le mérite de nous éviter de devoir chercher le bon bus à la bonne place et de devoir nous faire transférer encore une fois de la gare d’arrivée à l’Ashram qui se trouve hors de la ville. Notre conducteur marque une étape : il doit faire le plein. Comme de juste, il demande une avance, puisque faire le plein (ou du mois emplir le réservoir) est une opération des plus couteuses. Avance accordée, déductible sur le total à l’arrivée, bien sur. Et nous vola reparti. Une vingtaine de km, à l’allure mobylette, avec les encombrements, ça prend du temps. Pourtant nous arrivons à la porte du temple, et au moment de régler les comptes, une petite rallonge serait la bienvenue, semble-t-il. He bien non, je ne suis pas d’accord, un prix est un prix ! je me suis déjà fait prendre par un restau qui « n’avait pas de monnaie », on ne me la refera plus Après le voyage, la découverte. Le monastère - pardon l’ashram, mais la confusion est tellement facile - c’est une petite ville, avec le temple au milieu bien sur, mais aussi des magasins, des collèges, des réserves, des unités de production, des logements pour les jeunes célibataires en staff, une cantine, des baraquements en construction, un jardin de plantes médicinales. Nous découvrirons aussi le potager, les pépinières, la centrale électrique. Une entité de 3500 personnes employées à plein temps, qui dans la production qui dans le nettoyage, qui dans l’accueil des visiteurs, qui dans les commerces qui dans les unités de recherche. Et il y a bien sur un guru et un peloton de swamis qui l’entourent et probablement le conseillent puisque cette production centralisée finit par représenter de petites fortunes judicieusement employées pour le développement de la société. Celui qui est chargé de notre accueil, mr Rajeev se coupe en quatre pour répondre à toutes les questions qui ont une réponse, et passe facilement à un autre sujet si besoin est. Il a en réserve une théologie complexe à nous enseigner, l’histoire de l’ashram est celle de premier guru qui a développé un enseignement a base de préceptes de bon ton sur la paix, l’humanité et la fraternité mondiale. Depuis sa disparition et son remplacement par l’actuelle détentrice du titre, Santigiri s’est développé dans beaucoup de directions, le président de l’inde est passé ici pour l’inauguration du troisième temple, ainsi que la première ministre Sonia Gandhi. Nous sommes logé dans un petit bâtiment à l’écart de l’enceinte sacrée dans laquelle on ne pénètre que pieds nus (ouille quand le soleil tape et que les dalles sont brulantes !), une grande chambre a air conditionné mais sans wifi, ce qui explique le retard de ce post. La journée se termine dans le calme après un dernier regard jeté au temple en forme de lotus, illuminé de couleurs laser, magnifique sculpture de béton qui célèbre la dignité du lieu choisi comme ermitage par le fondateur. Ce mercredi matin, le thé est servi à 6h30 (ou plutôt 7h00, l’heure en inde est une donnée périssable qui a surtout une valeur indicative). Après la visite du jardin des plantes médicinales, une petite heure de marche dans la montagne, dans la poussière et la chaleur de la saison sèche, au cours de laquelle nous avons finalement peu découvert car les récoltes sont terminées, nous prenons notre petit déjeuner (café et biscuit , le riz aux épices le matin a un peu dur à passer). Dans la matinée nous sommes conviés a assister à un mariage qui sera célébré au temple en fin de matinée. Nous nous melons à la foule et nous assistons à la cérémonie chacun de notre coté, moi à gauche Christine à droite. Sermon, chants et musique de tambour et flutes, échange de consentement, prosternations, échange de colliers de fleurs. Les mariés sont magnifiques dans leurs habits léger et dorés. La foule qui se masse tout autour est nombreuse : le marié fait partie de l’ashram et nous sommes invités au repas qui sera donné dans l’immense « salle a manger » de l’ashram, mis peut être que sa fonction habituelles est plutôt d’être un entrepôt. Des tables alignées, au moins 500 personnes reçoivent un talli sur feuille de banane que nous mangeons comme tout le monde, avec nos doigts, et de la main droite s’il vous plait ! La fête publique est finie, mais celle des mariés ne commencera que dans quelques jours, ils ne sont pas encore admis à cohabiter, ils devront être présentés à la guru. C’est l’occasion qui nous est donnée de rendre visite à cette personne, avec toutes les marques e respect qui lui sont dues. Nous sommes donc costumés de blanc, on me passe un dothi au dessus de mon pantalon, Christine doit elle aussi porte en dothi blanc pour cacher sa jupe rouge, mais notre accompagnateur est coincé : il peut bien m’habiller moi, mais il ne touchera pas ma femme. Heureusement couple attend aussi à être reçu, la femme s’occupe du vêtement de Christine et nous courrons à la résidence. Nous sommes priés de faire les frais d’un présent pour être admis : un gros paquet de bonbons fera l’affaire, posé sur un plateau et parsemé de fleurs. Nous arrivons juste à temps , au moment où le jeune couple sort de son entrevue avec une bénédiction particulière. Nous présentons notre offrande, nous nous prosternons comme de juste, nous avons une question à soumettre à sa sagesse, « we are retired, our children are grown, what can we do for the peace ? ». Il botte en touche et la réponse tombe comme une évidence : si vous voulez connaitre votre destin, choisissez vous un guru, et tout sera clair. Il est temps de prendre une sieste dans la chaleur du jour. Vers 17h00, nous avons droit à une dernière visite : le secteur agricole de l’ashram. Des dizaines, sinon des centaines d’hectares de relief tourmenté, planté de toutes sortes de cultures : bananiers dès qu’il y a un espace suffisant, manioc le long des chemins, et colocase avec ses grandes feuilles, hévéas en production, cocotiers pour faire de l’huile. Et même une roche couverte de bouse séchée qui alimente les foyers destinés à cuire les plantes médicinales. Engrais organique garanti : les restes de cuisine, les déchets ménagers sont collectés, entassés fermentés à l’air libre, sans que cela sente. Mais quand on recoupe les tas pour tamiser le terreau ainsi constitué, il reste toutes sortes d’autre déchets, particulièrement du plastique. Le moyen le plus efficace pour s’en débarrasser comme partout ailleurs en inde, c’est de les bruler dans un four élevé à proximité du hangar de traitement. Il est bio, mon engrais organique ? Bon, passons. Le four traite les déchets de façon ayurvedique.