Il a plu hier, et encore cette nuit. Nous attendons de voir la couleur du ciel avant de nous engager pour la journée.

Dans la matinée, nous prenons le bus pour Sigiriya. L’ascension du rocher nous a été assez fortement déconseillée. En dehors de la prouesse physique qu’elle demande – et je ne me sens pas au meilleur de ma forme avec la chaleur, la latitude et l’altitude – il semble que la plupart du temps, on peut difficilement tenir son rythme : le chemin est étroit et si les cadences des uns et des autres ne s’accordent pas, la prouesse devient un exploit. De plus, avec la pluie, les rochers deviennent glissants, et comme certains passages sont un peu délicats, il ne faudrait pas que l’exploit devienne un record unique !

La raison veut qu’à nos âges, on s’efforce à la prudence ! Et d’autre part, de l’avis général, le tarif d’entrée sur le site, le triple de ceux pratiqués pour la plupart des temples du pays, commence à devenir disproportionné par rapport à l’intérêt touristique. C’est donc bien la performance qui caractérise l’intérêt du lieu.

Arrivés sur le site, nous sommes submergés par les démarcheurs de tours en tuktuk, pour nous conduire là où nous ne savons pas quoi pour des prix dépassant la commune mesure. Difficile de prendre de la distance. Quand un premier est découragé, un autre se met à nous harceler. Finalement nous entreprenons de rallier à pied le point de départ de l’ascension pour tenter de savoir de quoi il retourne. Nous sommes déjà épuisés et désorientés, et nous nous rendons compte qu’il n’y a ici rien d’autre à faire que la grimpette.

Finalement nous arrêtons un tuktuk pour tenter de nous sortir de là. Nous discutons ferme sur le programme à faire : il est natif de Sigiriya et il sait bien qu’en dehors du rocher et de la banale route qui y conduit, il n’y a rien à faire sur le site. Le village ne présente que très peu d’intérêt, le « musée », aucun. Il nous propose de nous reconduire à Dambulla en prenant notre temps, en nous indiquant les deux ou trois endroits qu’il connait et qui vont nous plaire. Chanson connue, c’est bien sûr un rabatteur, mais nous ne sommes pas dupes : il a vingt ans, il doit louer un tuktuk pour pouvoir faire des affaires, et si on doit donner à quelqu’un, pourquoi pas à lui ?

Effectivement, le restau pour notre lunch est hors de prix, même si la cuisine est excellente, et le « jardin d’épices » n’est que la vitrine d’une boutique de produits dits « ayurvédiques ». Nous ressortons avec un sachet de thé aux épices. Mais nous marquons l’arrêt devant un zébu à l’attache dans un pré, entouré de ses garde-bœufs, et des oiseaux (spatule, aigrettes) qui cherchent dans une rizière leur pitance du jour.

Plus loin, nous pouvons admirer une pépinière, les sachets contenant les jeunes plans d’arbres sagement alignés à l’ombre, une magnifique décoration en patates douces (hypomée en termes de jardinerie), et la partie production de semences : mais, haricots, choux, tomates aubergines, etc, en planches régulières soigneusement espacées pour favoriser la montée à graine. Un grand salut des personnes occupées à désherber, et nous arrivons bien vite à notre gîte avant que la pluie ne menace de nouveau.