Pour le climat, l’infrastructure hôtelière, le calme, l’accueil, Auroville constitue en fait un choix de qualité. Omniprésente, la philosophie de Sri Aurobindo se fait discrète pour qui le souhaite. Mis à part certains enthousiasmes exubérants de visiteurs de passage, les Aurovilliens sont plutôt réservés quant à leurs convictions. La sphère « convictionnelle » si ce n’est pas religieuse, reste du côté de l’intime, et en dehors des portraits de la Mère dans toutes les boutiques, et du Matrimandir qui situe le centre de la ville, aucune obligation ne nous est faite d’adhérer ni même de connaitre les écrits du guru.

Ce qui fait de notre dernière semaine en Inde avant le retour à notre environnement quotidien, une sinécure des plus attractives. Les rencontres se nouent au hasard de nos déplacements, d’une interpellation, d’un accent. Nous croisons la route d’un jeune kiné français qui vient se spécialiser dans les types de massages qu’on pratique en Asie, une dame japonaise âgée, qui vit ici depuis 35 ans, notre hôte et sa famille, indiens aurovilliens depuis toujours, travaillant pour élever leur famille, des allemands, des italiens, en quête de direction spirituelle ou d’apprentissage du yoga et de la méditation, jeunes en recherche du sens de leur vie ou quarantenaires en pleine mutation, de passage pour quelques mois ou volontaires de plus longue durée, comme cette américaine qui a débarqué ici il y a 15 an pour s’occuper des chiens errants, les nettoyer, les soigner, les stériliser…

Le mode de vie des résidents permanents correspond à la mise en application de théories économiques utopiques, mêlant indemnité de subsistance généralisée, disparition de la circulation monétaire, solidarité de la coopérative « Pour Tous » en même temps qu’une reconnaissance marquée aux projets porteurs de rentabilité. Cela mériteraait une thèse d’étude!

Tout est bio ici, avec un grand respect de l’environnement, mais aussi une grande difficulté à faire démarrer des actions comme l’énergie solaire ou éolienne, le traitement des  eaux usées (pas tellement sales ici vu la sobriété dans l’emploi des détergents, des médicaments et des additifs alimentaires), la voiture électrique, alors que les distances dans cette ville champêtre sont assez importantes pour exiger des moyens de locomotion plus rapides que la marche et plus porteurs que le vélo.  Même si on devine la direction ferme d’une oligarchie cooptée qui détermine les projets à soutenir, intégrer et accueillir, une place immense est laissée à l’initiative privée qui porte seule les innovations et les mises en place de nouvelles technologies.

Et puis cette nature exubérante qui fait qu’il suffit de jeter quelques grains de papaye pour récolter quelques temps plus tard des kilos de fruits savoureux, des mangues, des oranges,des citrons, des bananes de toutes sortes, des noix de coco, des feuilles de curry pour l’assaisonnement des préparations culinaires, des légumes bio en permaculture, du riz à la saison, etc.