Départ tôt dans la matinée du nid d’aigle qui nous a abrités deux jours. Nous descendons pedibus les deux km et demi et les six cents mètres de dénivelé qui nous séparent de l’arrêt des collectivos à Minca, et une grosse demi-heure plus tard nous arpentons le quartier du centre de Santa Marta pour dénicher notre hôtel près de la cathédrale. Quartier coloré, populaire, animé, plein de vieIlles maisons à balcons de bois dans le plus pur style colonial.

Nous logeons à deux pas de l’ancien hôtel des douanes, devenu musée de l’or, et entre temps, résidence du libertador les quelques semaines qui ont précédé son décès. Une gloire enviée dont il sera fait état dans un musée qui porte mal son nom. Il n’y a pas d’or ici, juste un trésor : l’histoire des indiens wawis, coguis et autres, issus des ancêtres peyronas, dons les traditions sont exposées et assez bien connues par les survivances des tribus locales réfugiées dans les hauteurs de la Sierra Nevada de Santa Marta Une maquette de la ciudad perdida y est exposée, heureusement, parce que nous n’irons pas la visiter. 5 jours de trajet sac au dos dans la jungle, il y a de quoi décourager même un randonneur averti. J’ai passé l’âge il me semble, d’expéditions aussi hasardeuses !

Finalement, on en sait peut être encore plus des traditions des survivants des esclaves noirs importés pour la production bananière que des ultimes descendants des « indios », dont la transmission purement orale a beaucoup souffert de la christianisation à outrance entamée dès le début du XVIième siècle par les capucins. Pendant deux siècles, il n’était de bonne société que espagnole ou créole. Bien sûr l’affranchissement des esclaves « par le ventre », c’est-à-dire à la naissance, tandis que les parents restaient dans la servitude a autorisé l’émergence et le métissage d’une population laborieuse abondante nécessaire aux durs travaux des plantations. Un avenir assez noir sans jeu de mot. Et une population qui a dû se reconstruire des mythes pour exister en tant que telle. Les caraïbes ont produit ces mythes.

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Comment s’étonner qu’au siècle suivant les populations aussi mélangées entre riches et pauvres, chrétiens de nom ou de foi, détenteurs et exclus du pouvoir, aient pu vivre la violencia qui a marqué le pays pendant près de 3 générations ?