Un nouveau rendez-vous à 10 heures, mais cette fois, c’est au parc des Periodistas. Nous sommes une trentaine à attendre le guide, ou plutôt le signal du départ parce que Carlos et déjà là, équipé de son portevoix (les portevoix modernes se portent à la ceinture, avec un mini micro à hauteur de la bouche. Et on peut dire que c’est efficace, car nous ne perdrons rien de ses commentaires. En anglais, et plutôt fluently, c’est pourquoi j’ai pas toujours tout compris. Mais le principal, ce sont les œuvres que nous allons visiter.

En plus des brochettes de musées qu’abrite la Candelaria, il y a un musée en plein air, dans les rues ici tout près, qui expose des œuvres différentes, partout où de vilains coins de mur, des façades aveugles, des palissades provisoirement définitives, ont permis aux street artistes de s’exprimer.

Dans quelques cas, les plus récents, les propriétaires étaient ouverts par avance à la création, mais les plus anciens de ces graffiti ont été créés en « contrebande », souvent de nuit, et vu l’étendue des peintures, en plusieurs jours.  Dans la majorité des cas, les propriétaires en ont pris leur parti, et y ont trouvé leur bénéfice. Mais il y a quelques années, ça s’est plus mal terminé pour Diego, un jeune artiste de 16 qui a payé de sa vie son audace de s’attaquer à l’avenue prestigieuse de l’aéroport, la Calle 26.  Relayé six mois plus tard par Justin Bieber, lui aussi street artiste, il a payé le prix fort, mais a imposé le droit de cité à cette forme d’expression qui reste toujours contestataire.

    

Un premier parcours nous amène dans la partie du quartier plus ‘habitée’, où les graffiti sont très politiques et contestataires.

         

La deuxième partie, dans les ruelles du haut du quartier, plus touristique, nous permet de découvrir des œuvres plus ‘philosophiques’.

Mais dans tous les cas, il s’agit d’artistes reconnus, des graffeurs qui produisent aussi à l’étranger, et très souvent, il s’agit d’œuvres collectives (APC, Stinkfish, Toxicomano), mais il y a aussi des indépendants (Jugasiempre ou DJLU, El Pez de Barcelone, lik mi, Crisp, Guache ). Les œuvres sont signées et reconnaissables, pour autant les auteurs restent longtemps dans l’ombre. Pendant longtemps, ils étaient passibles de condamnation à des amendes, mais bien souvent, s’ils étaient arrêtés, on les accusait d’autre délit plus sévèrement punis comme la drogue.

Les œuvres sont établies et pensées en fonction de leur support, l’artiste utilise les défauts des murs, la géométrie des bâtiments pour insérer le dessin dans l’environnement. Les techniques varient aussi, depuis la simple projection, à tous les artifices permettant de fixer des formes répétitives : façon de tenir l’outil, de l’appliquer, de réutiliser un pochoir.  Il y a parfois de très longues préparations en atelier pour que la mise en place puisse se faire « discrètement ».

    

Le résultat de ces travaux est un enchantement pour les yeux et pour l’esprit, et pour ceux qui prennent le temps de les déchiffrer, c‘est aussi une source de réflexion jusque dans les petits détails.