En quelques jours, l’Inde m’a repris avec son rythme de vie tout à la fois paisible et trépidant.

Une fois assimilé le décalage horaire, une fois pris mes marques dans les contingences quotidiennes, je contemple cette population active et bruyante. La circulation est toujours aussi chaotique, le principe de rouler à gauche cède le pas à celui de « passe où il y a de la place pour ton véhicule » et « s’il n’y a pas de place, klaxonne (HORN) »

Les petits marchands dans la rue des touristes nous abordent avec si possible un mot de notre langue, insistant – pas trop – pour placer les tissus, colliers de perle ou pierre sculptées, et si ça ne marche pas, demain peut-être ?

Mamalaapuram est un petit village (12000 habitants) dans le voisinage de Chennai (Madras). Cet hiver un cyclone est passé, les bords de mer ont souffert. 20 jours sans eau, sans nourriture, sans électricité. Les gens ont survécu de leur mieux, et la reconstruction des maisons dévastées va bon train.

Sans le savoir nous sommes arrivés pour une période exceptionnelle : ce week-end, de pleine lune a lieu le festival Pongal, la fête des moissons. On récolte le riz en décembre ici. Des rites hindous se déroulent près des temples, une foule vêtue de rouge plonge dans la mer, et la nuit à 2 heures, se met en route avec des lanternes et des concerts de tambours.

Normalement le tourisme « blanc » mais aussi indien, fait vivre bien cette bourgade perdue sur la côte est de la péninsule indienne, face au golfe du Bengale. Mais ce week-end, c’est l’afflux des dévots vêtus de rouge qui embrase les rues, et même la plage ce soir nous a-t-on prévenus. La nuit passée, c’était les cortèges accompagnés de tambours qui ont lancé les festivités vers 2 heures de la nuit, accompagnés des hurlements des chiens dérangés par le vacarme !

Plus qu’au Kerala nous remarquons les hindous pieux. Les autres religions se font discrètes : quelques véhicules peints de « Massa Allah » ou de « Jesus », surtout des commerçants qui recherchent une protection dans leur dangereux métier de transporteurs. Ici (fête oblige sans doute), chaque maison arbore devant la porte un dessin coloré de bienvenue et de bénédiction, tout un art éphémère tracé à la craie à même la rue, foulé aux pieds par les passants et plusieurs fois reconstitué.

Il y a aussi les petits autels ornés de fleurs et de lampes à huile allumées dès la tombée du jour, que ce soit dans une « chapelle » existante dans le mur, construite avec la maison en l’honneur de Ganesh, ou bien au pied des marches de la porte d’entrée, ou plus rarement, un arbre , un banian, qui pousse à travers le béton, entouré de faïences colorées, comme à l’entrée de notre guest house.

Assis sur la terrasse, tourné vers le soleil, je vois un bateau de pêcheurs qui rentre au « port », tournée épuisante sans doute, mais qui permet de vivre, la pêche côtière donne encore un peu de poisson, tous les restaus de la rue en offrent au menu. Et même s’il y a trop de bateaux, beaucoup de monde survit grâce à eux. Nous logeons dans le quartier qu’on appelle « fisherman colony ».

Mahabalipuram, la ville du grand sacrifice, autre nom du village, était il y a plus de mille ans une capitale prospère. Les rois de l’époque ont fait sculpter de curieux temples à même la roche. Bien que les siècles aient un peu attaqué les bas-reliefs, il reste encore assez pour justifier une inscription aux monument historiques.