Ghandi Museum

Un rickshaw nous amène directement à travers une circulation intense et totalement indienne, jusqu’au Musée Ghandi, un fleuron de la cité de Madurai, logé dans un palais colonial du dix-huitième siècle, inauguré par le fidèle Jarawalal Nehru à la mémoire de son idole le Mahatma Ghandi.

Totalement consacré à l’indépendance indienne dont nous avons fêté il y a trois jours le 69 ième anniversaire, il nous présente en deux volets d’abord le parcours sur deux cents ans de la colonisation à l’indépendance, puis le symbole de cette lutte, Mohandas K Gandhi, connu sous l’appellation passionnée de Gandhiji, plus affectueusement « Bapu », grand père.

Le premier siècle de l’installation de la domination britannique sur les Indes et le fait de la compagnie des Indes, entreprise commerciale du genre de nos multinationales actuelles, dont le seul but est de faire du profit, plus de profit, encore plus de profit sans se soucier de la pérennité de l’entreprise et des destructions que cet acharnement provoque sur les potentialités de la colonie et le bien être des peuples qui l’occupent.

Au bout de 100 ans, pour éviter la banqueroute à la compagnie des Indes, l’empire britannique reprend à son compte un continent exsangue, unifié certes, mais ayant perdu toute capacité industrielle, toute richesse agricole, toute identité culturelle. Le sort des indiens ne s’améliore pas pour autant, les lois d’exploitation coloniale sont en place et difficiles à modifier, tant les européens, imprégnés de racisme à l’égard des « coolies », sont persuadés du bienfondé de l’autorité qu’ils sont parvenus à établir à leur unique profit.

La lutte des intellectuels indiens, Rabindranat Tagore, Sri Aurobindo, soutenus par quelques européens – madame Blavatski, Lord Home, aboutit à la formation du parti du congrès qui représente, malgré l’inégalité des forces en présences, les aspirations de l’Inde à l’autonomie.

Porte drapeau du parti du Congrès, Gandhi, par quelques actions spectaculaires, dont la désobéissance civile, la marche du sel, le boycott des produits importés d’Angleterre, parviendra à secouer puis à déstabiliser la bonne conscience britannique.

L’action de Gandhi, somme toute plus religieuse que politique, se heurtera à la résistance de la société, que ce soit lors de la partition de l’Inde sur l’insistance de Jina, créateur du Pakistan, ou à propos du sort des intouchables, les Harijans, « enfants de Dieu », qui ne seront admis que du bout des lèvres dans les temples hindous après 1948. Son assassinat fait de lui un martyr et le culte de sa personnalité permet depuis bien longtemps de dissimuler les dissensions qui demeurent dans la société indienne, entre élites de différentes origines, de différentes convictions, d’orientations politiques ou religieuses opposées, mais pourtant contraintes de travailler ensemble à la bonne marche de ce pays, pour le mener au stade de développement correspondant à son poids dans la famille humaine.