Notre parcours de retour vers la capitale nous fait passer par la ville de Zipaquira, qui accueille une merveille du pays. Une mine de sel, du moins la partie ancienne de la mine, a été transformée en église - musée. Phénomène curieux, quelle idée de construire sous le sol, dans les espaces magnifiquement dégagés par les tonnes de sel extraites en blocs, un temple dédié avant tout a la souffrance du chemin de croix ? Si l’exploitation continue, avec les méthodes actuelles, plus personne ne descend au fond dans les vapeurs de chlorure de sodium. L’eau chaude se charge de ramener en surface le trésor enterré ici par la nature il y a des millions d’années. Mais aux temps héroïques, quand le sel était extrait sous forme solide, des hommes ont souffert et sont morts dans la saumure. Les mines de sel ont toujours été réputées pour dévorer leurs mineurs, et ceux qui y travaillaient n’avaient bien souvent que la religion pour conserver quelque espoir en ce bas monde. La religion dans tout ce qu’elle a de proche de la douleur. L’église est consacrée aux chutes du christ sur le chemin de la mort. La souffrance et l’idée de la mort devaient bien convenir à la pensée de ces pauvres gens.

Jusqu’à 180 m sous le sol, d’immenses salles tout en hauteur, au plafond, murs et au sol plats, reliées par des passages taillés entre les colonnes, ont permis d’établir des chapelles, des autels toujours utilisés pour des offices dominicaux.

Le sel est blanc, mais comme il contient beaucoup d’impuretés (charbon, métaux, cuivre et or, des émeraudes parfois) l’ensemble des salles est noir et génère un climat contraignant, alors que l’espace n’est pas compté, les plafonds pouvant s’élever à plus de 20 au-dessus du « sol ». Véritable foire, les marchands du temple s’y sont installés, et des jeux de lumière permettent de retenir les jeunes touristes séduits par l’étrangeté du « bâtiment ». Ce qui fait de la ville et du lieu un des endroits les plus fréquentés en période ‘estivale’.

J’ajouterai qu’avant de commencer la visite, nous sommes passés à Zipaquira pour prendre un repas spécialités de la région dans un restau dont le serveur nous a accueillis en Français (il a passé 30 ans à Clichy !) Le mur de la salle est décoré d’une comptine locale dont je donne le texte pour les amateurs:

Erase una viejecita
sin nadita de comer
sino carnes, frutas, dulces,
tortas, huevos, pan y pez.
Bebia caldo chocolate,
leche, vino, té i cafe,
y la pobra no encontraba
que comer ni que beber !

traduction liibre pour les non hispanisants: il était une petite vieille qui n’avait rien à manger si ce n’est viande, fruits bonbons, tartes, oeufs, pain et poisson, elle buvait du chocolat chaud, du lait, du vin, du thé et du café et la pavre ne trouvait ni  à boire ni à manger!