Par rapport à toutes les descriptions dytirambiques qui ont précédé notre arrivé les mois et semaines récents, nous devons constater que la finca de permaculture n’occupe encore qu’une place réduite sur le domaine tellement le souci de respect de l’environnement de cet endroit-là préoccupe les initiateurs : n’utiliser que les plantes de la région, reforester, chercher les stimulateurs locaux -insectes et leurs prédateurs-… tout cela prend du temps. Le plus urgent était sans doute de s’activer à trouver une source de revenu pour soutenir ce travail de longue haleine, mais aussi de sensibiliser par la même occasion un nombre non négligeable de personns au projet et à ses retombées, à son insertion dans le sens de l’interconnexion des philosophies entre le désir des européens de promouvoir un respect de la nature et les coutumes fondamentales des premiers habitants de la Terre Mère. Depuis trois ans, les efforts ont surtout porté sur l’aménagement de l’auberge (restauration d’anciens bâtiments de pierres en chambres et terrasses, avec cuisine et toilettes).

L’ensemble constitue une hôtellerie que l’on pourrait qualifier de « luxe » tellement elle « colle » a cette belle nature dans laquelle elle s’insère, mais pourtant d’un confort avant tout élémentaire. Les vues sont uniques, presqu’à couper le souffle. Rien que pour ça, il fallait monter les 650 m de dénivellation par une piste audacieuse. Mais la densité des logeurs ce jour-là, bien qu’ils soient tous sympathiques est très policés, fait que parfois le contact avec la nature est un peu artificiel. 30 personnes sur la Punta pour voir le soleil passer derrière la colline laisse peu de place à l’intimité.

Espagnol, Anglais, Français, les discussions fusent. L’écrasante majorité des hôtes est constituée de jeunes adultes en recherche de quelque chose pour quoi ils ont déjà accumulé expérience et connaissances. Le coût total du voyage—séjour-activités opère une certaine sélection. Même si beaucoup voyagent léger, mochilla au dos et hamac pour dormir pour plusieurs mois, il ne s’agit pas de vulgaires backpackers en recherche d’occasions de faire la fête à bon compte. Un vendéen nos explique comment il a résolu le problème d’approvisionnement individuel en eau sur la ferme qu’il restaure, et sa déception devant le niveau de la permaculture de la finca associée au gîte. Un couple de géographes en rupture professionnelle pour 9 mois nous expose leur souhait de collecter les « recettes » qui leur permettraient de démarrer une expérience d’habitat groupé et d’autosuffisance alimentaire en revenant en Belgique. On sent bien qu’il s’agit d’autre chose que de simple curiosité qui conduit les visiteurs jusqu’ ce nouveau monde en gestation.

L’accueil est cordial, stylé. Devant notre difficulté à trouver notre place Valérie nous surclasse en logement, et attache un grand soin à veiller à notre satisfaction.

Dommage simplement que le partage de culture, avec des objectifs très larges et très ambitieux, doive passer par une pénible collecte de fonds à tous les niveaux, étant donné le défaut de soutien « public » ou du moins formel et stable. Mais finalement, les chiffres s’envolent surtout en COP, ce qui fait finalement peu de USD