Notre passeport acheté au ‘Alto de los idoles’ nous donne droit le lendemain à la visite du parc archéologique, un espace protégé à trois km de la ville où sont présentées les tombes découvertes depuis un siècle par des recherches archéologiques qui ne font que débuter.

Un bus « de ville » nous conduit au parc de bon matin (il est déjà 10 heures !), nous entrons même si par étourderie le passeport est resté dans la veste utilisée hier, et délaissée aujourd’hui. On a toujours du mal à prévoir comment s’habiller en Colombie, avec l’altitude, les nuages, la pluie et le soleil, et malgré tout, il ne fait jamais froid et rarement trop chaud.

Notre guide s’appelle Ramiro. Il nous donne un petit moment pour parcourir le musée, bonne introduction au site et rappel des fouilles entreprises depuis 1860, après la découverte du site par un prêtre en 1757, qui avait reconnu dans les statues découverte l’image d’un évêque mitré et crossé. Il n’était heureusement pas tombé sur quelques statues de la période patriarcale visiblement sexuées.

3 mesitas – collines arasées pour en étendre la surface -sont reliées par des sentiers surélevés qui avaient à l’origine la largeur permettant le passage d’un homme, et ont été rabaissés pour arriver à la largeur d’un véhicule. Sur chaque site, qui ont été occupés de -1000 à 1200 de notre ère, on découvre des tombes parmi lesquelles on constate une évolution dans les techniques : de simples dalles recouvrant un trou, jusqu’à des couloirs spacieux, dont certains avec sarcophages, recouverts de dalles en forme de dolmens, chaque site du moins les plus récents, est protégé des intrus pas un gardien, une pierre sculptée représentant probablement un chaman avec des attributs reconnus, identifié à des animaux dont il s’assimilait -croit-on – les qualités naturelles de force ou de ruse. Les tombes exposées sont « arrangées » pour les présenter à la visite. En réalité l’ensemble des constructions était recouvert de terre, et plusieurs fouilles ont été de nouveau enterrées par les responsables des fouilles après avoir livré les connaissances qu’on peut en tirer.

Dans l’ensemble, toutes ces constructions ont été enterrées par leurs auteurs, eux-mêmes ne les voyaient pas, en particulier une statue assez impressionnante de plus de 4 m de hauteur était enterrée à la verticale, avec une fonction semble-t-il de contrôle des éléments souterrains

Sur le même site, la fontaine de Lavapatas présente un site sculpté probablement pour des bains rituels, l’eau de la rivière est déviée dans les canaux et piscines qui se succèdent avec des ornementations qui ont dû définir des fonctions.

Quatre périodes peuvent être distinguées par les datations au C14 . Les représentations doivent sans doute correspondre à des évolutions culturelles, mais sans écriture déchiffrable, on en est réduit à des suppositions, que l’on nourrit par des comparaisons avec les traditions des cultures voisines survivantes. Ces traditions étant basées sur une transmission orale des connaissances, la perte des « hommes-livres » capables de répéter les histoires signifie la perte de leur savoir. Les générations actuelles en sont réduites à des supputations, même si certains indices et quelques découvertes permettent de se représenter des cultures assez savantes, en géométrie, astronomie, médecine, agriculture, organisation sociale.

Un parcours de 3 heures nous semble amplement suffisant après avoir suivi avec attention les commentaires de Ramiro, ouvert à énormément d’aspects de ces civilisations et lui-même éduqué si pas dans la connaissance des anciens, au moins dans leur attachement à la nature, la Terre mère et l’empathie avec les autres êtres vivants, plantes, bêtes, oiseaux, roches et forces telluriques dont il nous a donné une démonstration.

La présence de puissants courants telluriques expliquerait que les sites, à l’origines habités, sont devenus au cours des siècles des lieux de célébration de rites, et les habitats repoussés plus loin sur les pentes pour éviter de se trouver soumis à de trop puissantes énergies aux conséquences parfois néfastes pour la santé.