C’est le jour ou jamais! Le village voisin d’Ounagha s’appelle Had Draa, le marché du dimanche, le bien nommé. J’ai du dire qu’à Ounara je me sentais à la campagne. Et bien à coté de Had Draa, ce serait presque la ville ! Nous arrivons par une route comme on en voit partout, avec des maisons, des commerces, des voitures arrêtées. Puis nous demandons à une dame bien mise qui doit attendre son chauffeur où se trouve le marché. Elle nous indique une rue sur le coté, le marché aux animaux d’un coté, le marché avec les légumes et tout le reste en face, vous ne pouvez pas vous tromper. Quelques dizaines de mètres plus loin commencent les affaires. Des gens commencent à repartir avec leurs emplettes qui sur son vélomoteur, qui sur le toit de sa carriole à mule, qui dans le bac de son boxer, qui dans la benne de sa Toyota. Bien sur on met plus sur un plateau bâché : celui-là emporte quatre veaux, celui-là une vingtaine de bottes de paille. Et en plus il y a les gamins qui font le transport dans leur petite charrette à roues de vélo. Les animaux sont regroupé par catégories : là les vaches, là quelques moutons, plus loin les ânes, dans un parc à l’écart, les dromadaires. Nous nous écartons pour laisser passer, une dizaine d’animaux qui sont conduits à l’embarquement dans un camion. Ils ne sont pas trop coopératifs, alors, le bon système, c’est de les prendre entre les pattes arrières et de serrer bien fort, et là le chameau avance, je vous le jure ! Un bonhomme nous ouvre la porte de l’enclos des dromadaires. Il n’en reste plus que quelques un, attendant le départ sans doute. Bien sur à la sortie le bonhomme réclame son bakchich. J’avais préparé un dirham, mais visiblement ça ne lui plait pas. Il en veut 5 ! Je les lui donne de bonne grâce, même si je ne suis pas coutumier du fait. Après tout, un touriste c’est là pour distribuer de l’argent, non ? À coté des ânes et des mules, quelques artisans proposent de ferrer les animaux. Ca se fait sur place, sans plus d’équipement. Certains ont leurs fers tout prêts, mais on voit même sous une tente sommaire un peu de charbon de bois à terre, pour apporter les dernières finitions à travail particulier. Nous quittons les animaux et passons de l’autre coté de la rue, les marchands sont installés à même la terre, parfois la boue, et proposent qui des cordes et des filets, qui des meubles, qui du fer, qui du son et de la paille. Mais toujours regroupés par nature de marchandise. Pas de mélange, les légumes sont tous au même endroit, les meubles ensemble, il y a même un (un seul je pense sur tout le marché) marchand de téléphones portables, il a installé sont pc sur une caisse pour les derniers réglages. Nous quittons enfin le souk et nous reprenons pied sur la grand route. Il y a bien des échoppes qui servent du thé mais nus n’osons pas nous y assoir. Le public est exclusivement masculin, le vêtement uniforme (la djellaba, sauf pour les jeunes garçons). Arrêt devant un boucher : la bête qu’il découpe (une seule vache à voir les morceaux) a du être abattue le matin même et les conditions sanitaires semblent satisfaisantes. Nous nous arrêtons pour demander un morceau de viande. Un homme se propose pour faire l’interprète, le boucher ne pratique visiblement pas assez de français, mais il nous sert un assez beau steak, très curieusement coupé. Le prix se ressent de notre apparence, sans doute le double de ce qu’il aurait demandé à un marocain, mais la dépense reste minime et les sourires qui nous accompagnent font chaud au cœur. C’est vraiment une plongée dans la vie rurale quotidienne ou plutôt hebdomadaire. Le souk du dimanche (et ce souk là n’a pas grand-chose à voir avec les établissement qu’on trouve en ville ou chaque commerçant possède sa petit pièce), c’est une occasion de se rassembler, de se divertir, de socialiser. On voit bien que c’est pour la plupart des gens ici un jour de fête. Et pour nous un spectacle assez rare. Pas de photo aujourd’hui, dans le souk, c’était difficilement imaginable.