Nous avons quitté Armenia tôt le matin pour Popayan, 300 km plus au sud, en traversant Cali sans nous y arrêter. Un peu plus de 6 heures de voyage, et un taxi plus tard, nous arrivons à notre hostal, sur la place juste à côté de la cathédrale.

Une petite nuit plus tard, nous partons tôt rejoindre la station de bus, si nous voulons voir le marché indigène, il ne faut pas trainer, il a commencé avant le jour.

Encore une heure et demie de « buseta » pour une cinquantaine de km, et nous arrivons au marché. Non sans avoir bavardé avec le conducteur, un jeune qui nous a expliqué que la vie est assez dure ici, le tourisme est une des rares activités productrices, et il est fort taxé. Les élections approchent, mais il ne voit pas de changement se profiler à l’horizon : le jeu politique est bloqué, le personnel politique en place est corrompu, et malgré les ressources extraordinaires du pays, rien ne décolle. Les rues du village sont en très mauvais état, il y a de l’argent prévu mais l’alcalde ne bouge pas…

9h00 à peine sonnées, nous débarquons sur la place centrale de Silvia. Les indiens Guambia circulent et vaquent à leurs affaires, les hommes en poncho gris et jupe bleue, les femmes en poncho bleu et jupe noire, les deux sexes portent le même chapeau de feutre. Il y a bien sur quelques couples en tenue moderne, mais la plupart mettent un point d’honneur à venir au marché en costume traditionnel : c’est un moyen de garder leur culture. La population de cette tribu ne dépasse pas les 12000 personnes -alors que les Wayus « authentiques » sont plus de 36000 sans compter les émigrés.

Nous traversons le marché. Chacun vient avec les produits de sa finca, après parfois plus de 4 heures de route dans la montagne, dans des bus colorés surchargés des parechocs à l’impériale, qui repartirons dans quelques heures dans l’autre sens, tout aussi chargés des produits échangés ici.

Pas de viande au marché, uniquement des pommes de terre, la culture principales, de différentes variétés, et classées dans des sacs par taille, les plus courantes étant de la dimension de nos grenailles. On trouve aussi des légumes et des fruits : tomates, oignons, carottes, etc.

Des étals de matériels, plastiques divers, outillage de métal made in chine : des machettes luisantes, des pinces et des marteaux, des moulins à café, et aussi des vêtements et des chaussures, parfois de seconde main – ou devrait-on dire de second pied ?

Nous ne commerçons pas, le pittoresque de la situation est assez vite perçu. Dès 11 heures, nous faisons comme les premiers paysans arrivés ce matin, nous rembarquons pour rentrer chez nous. Nous arriverons surement à Popayan avant que les premiers bus colorés partis arrivent dans les hameaux en altitude. Jusqu’à mardi prochain.